Amir, surprenant de justesse au théâtre dans « Sélectionné »

Alors qu’on le connaît évidemment comme chanteur à succès, Amir – Amir Haddad – n’a pas choisi la facilité en se lançant dans sa nouvelle carrière de comédien. Loin des plateaux de tournage qui s’avèrent souvent une bonne phase de test, c’est en effet sur scène que l’interprète de J’ai cherché a choisi de faire ses premiers pas. Certes, c’est un endroit qu’il connaît bien mais y camper un personnage pendant 1h30 demeure un exercice très différent d’un concert où le chanteur fait généralement le déplacement pour s’y livrer et s’y mettre à nu. Et, comme si le défi n’était pas suffisamment de taille, Amir n’a pas opté pour une pièce de troupe… En solitaire donc, il se présente sur les planches dans Sélectionné. Sans filet et sans partenaire susceptible de lui prêter main forte en cas de trou de mémoire, l’acteur « débutant » s’est laissé séduire par un texte de Marc Élya retraçant le parcours d’un sportif prénommé Alfred Nakache. Également connu son le nom du « nageur d’Auschwitz », celui-ci a connu une carrière remarquable en devenant champion de France et en battant des records du monde avant comme après sa déportation.

Mise en scène par Steve Suissa reconnu pour la qualité et la diversité de son travail – on lui doit les réalisations scéniques d’entre autres Bronx, Le joueur d’échecs et Fleurs de Soleil -, la pièce s’intéresse au parcours exceptionnel de celui qu’on surnommait Artem (qui signifie poisson en hébreu) mais aussi, évidemment, à son destin tragique. Car s’il a réussi à réchapper aux camps de la mort, sa femme et sa fille y ont laissé leurs vies… Dans un récit construit chronologiquement, Amir Haddad raconte, à travers une large palette d’émotions, l’histoire poignante et méconnue d’Alfred Nakache qui aura – presque comme se le souhaitait Dalida en chantant Mourir sur scène – eu la « chance » de tirer sa révérence en 1983 en s’adonnant littéralement sa passion pour la natation puisqu’il est mort comme il a vécu, en nageant…