CINÉMA
« L’air de la mer rend libre » tout comme le cinéma sensible de Nadir Moknèche
L’air de la mer rend libre de Nadir Moknèche
cinéma / drame
- sortie nationale le 04 octobre 2023
L’air de la mer rend libre : Attention, chute de clichés
Le film commence net : on célèbre un mariage. « Vive les mariés ! » Mais très vite, on partage le malaise des deux protagonistes au centre de la fête. Et de fait, Saïd est – secrètement – en couple avec Vincent et Hadjira a cédé aux pressions de sa mère qui désirait qu’elle soit une « épouse docile ». Au cœur de cette union où rien n’est naturel, des liens se créent malgré tout et une envie commune naît : celle de la liberté !
Dans ce nouveau long-métrage, Nadir Moknèche prend les clichés à contrepied et laisse à l’intérieur de chacun de ses personnages une grande place à l’expression de la complexité que la fusion des cultures arabe et française peut mettre à jour. À cela, le réalisateur franco-algérien ajoute des caractères singuliers – à commencer par les 2 mères des jeunes époux, instigatrices de ce mariage arrangé – qui ne se confortent pas dans des poncifs idéologiques, incarnés par des acteurs – Youssouf Abu-Ayad et Kenza Fortas – tout à la fois sensibles et charismatiques.
Nadir Moknèche est un réalisateur du féminin, de la recherche d’équilibre et des situations fragiles qui manie le pathos avec justesse. En témoignent ses précédentes créations : Le Harem de Madame Ousmane (2000), Viva Laldéjrie (2004), Délice Paloma (2007), Goodbye Marocco (2013) et Lola Pater (2017) où se côtoient des femmes puissantes en prise avec leur parcours de vie sur fond de tensions politiques d’un Maghreb contemporain ou de questionnements sur l’intégration en France. Il récidive avec L’air de la mer rend libre en salle à partir du 04 octobre, dont le titre est un clin d’œil à l’adage médiéval – l’air de la ville rend libre – faisant référence à l’installation en ville d’une serve qui se libérait du joug de son seigneur. Entre « mer » et « mère », l’oreille décidera du sens de ce titre, ouvert, tout comme le film, à l’interprétation des sensibilités de chacun…
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo DR / septembre 2023
↵ Retour vers la rubrique « cinéma »
You must be logged in to post a comment Login