INTERVIEW
Tété Interview
TT interview
La philosophie et le talent de ce fils de Cham, loin de s’être égarés depuis son 1er album, ont conquis le cœur d’un public éclectique, venu nombreux au Crazy Week comme au Gaou où Tété partageait l’affiche avec un certain – M – ( !) qui ne s’y était pas trompé en le prenant sous son aile ! Plus qu’un chanteur, il est une véritable personnalité. Sur des musiques entraînantes et savamment travaillées, ses textes apparaissent comme des poèmes modernes dont la profondeur devrait en séduire plus d’un ! La rencontre de Tété ? Un moment pur et enrichissant…
Album « Le Premier Clair de l’Aube »
Morgane L : 10 ans déjà… Qu’aimes-tu autant dans l’exercice de la scène ?
T.T. : Ce que j’aime c’est la liberté, le voyage… C’est la découverte de l’autre, c’est forcément des aventures humaines à la base, et puis je trouve qu’on apprend à mieux se connaître en se confrontant à d’autres environnements.
Ton contact avec le public semble vital même pour la conception de ton album…
Depuis 3 ou 4 ans, j’ai eu l’occasion de tourner dans des pays anglo-saxons, Angleterre, Etats-Unis, Australie et j’ai vraiment été marqué par la manière dont les musiciens entretiennent cette intimité à la scène et à la chanson tous les jours. Ils n’arrêtent jamais d’écrire, ils sont tout le temps sur la route et c’est vrai que j’ai voulu me servir de cette énergie là.
C’est rare de faire ça non ?
Je ne sais pas trop pour les autres mais moi j’ai toujours fait ça et là c’est la toute première fois qu’on a appelé cette tournée le Labo Solo, et la vraie innovation qu’il y a eu sur cette tournée-là, c’est qu’on a sollicité les gens à nous envoyer des mails pour nous dire un peu ce qu’ils pensaient des morceaux.
4 ans après « Le Sacre des Lemmings », le style de celui-ci est un peu différent, plus dépouillé…
Absolument ! En fait moi les musiques qui m’ont toujours portées, ce sont les musiques qui viennent du blues, que ce soit le folk, le blues in extenso, mais c’est vrai que ce sont des styles musicaux qui se jouent en général de manière très dépouillée.
Ca permet aussi de laisser plus de place à la voix, aux textes ?
Aussi, oui. Le choix de faire cet album en français c’est un choix délibéré et si tu veux, par rapport à l’étranger, en France on est très attaché à la voix, au sens et aux mots. Et disons que ce style musical permettait de faire la part belle aux textes.
Textes qui sont très présents et très travaillés d’ailleurs…
C’est vrai que les anglo-saxons sont souvent dans quelque chose de plus axé sur l’énergie on va dire…
Le précédent album traitait de l’identité, de la société, celui-ci décortique plus l’intime et les sentiments ?
Oui, Le Premier Clair de l’Aube est plus basé sur les émotions, c’est plus quelque chose qui tourne autour de ça… Je pense que ce n’est pas un hasard, le dernier avait été écrit pendant la campagne présidentielle donc c’est vrai qu’il y avait un climat qui était un peu particulier en France et l’album est le reflet de ça.
« L’Envie et le Dédain » ce sont les ambivalences, la complexité de l’être humain ?
En réalité j’ai deux cultures. La culture française et l’anglo-saxonne qui a été déterminante pour moi… L’Envie et le Dédain c’est justement le fruit de tout ça, de mes rencontres mais ça part surtout d’un concept plus général… Que souvent les gens (et je ne fais pas exception !) veulent un peu de tout et son contraire… Mais c’est ça en même temps qui donne un peu de peps à l’être humain !
Ce qui m’a le plus frappée c’est ton amour des mots…Tu apparais un peu comme un poète, un philosophe des temps modernes
Je viens d’une famille où on nous a toujours encouragé à lire même si pendant longtemps je me suis un peu méfié de la poésie qui pouvait avoir un côté un peu ronflant !
En trame de fond, on retrouve dans tes textes la thématique du temps qui passe, le temps à apprécier, à saisir… thème que l’on trouve chez Baudelaire, Apollinaire ?
Oui c’est juste comme remarque, je pense qu’effectivement le métier que je fais est un métier d’envie, un métier de passions, un métier de rencontres et le temps passe… On ne voit pas les journées passer, parce que comme on dit quand on s’amuse, on ne compte pas !
Les artistes qui t’ont bercé ?
C’est exclusivement nord-américain parce que j’ai été élevé par ma mère qui est d’une famille d’antillais anglophones et francophones, et à la maison on écoutait quasiment exclusivement que ça ! Donc mes racines musicales sont vraiment tout ce qui est dérivé du blues, en fait.
Même les plus jeunes connaissent tes textes. C’est une volonté de ta part d’utiliser une musique entraînante et accessible pour leur faire découvrir ton univers littéraire ?
Je ne sais pas en fait… Je crois que mon travail se nourrit de choses que j’aime… Mais encore une fois, tout part de l’envie.
Une carrière c’est une histoire de rencontres… celle avec – M – ?
La rencontre a été fabuleuse, c’est quelqu’un que j’avais eu l’occasion de croiser plusieurs fois. C’est un artiste de grand talent, quelqu’un d’incontournable et de majeur sur la scène française et c’est vraiment chouette d’avoir un ambassadeur comme ça, qui a autant de talent et qui est aussi attaché à la scène, aux concerts, à la musique et qui ne s’est pas perdu finalement.
Et pour finir, tes projets musicaux ou télé, un autre road-trip prévu avec André Manoukian ?
Eh bien, écoute, les deux en fait ! Dans un 1er temps, les concerts tout l’été, Francofolies, Gaou… Début novembre, un Zénith à Paris ; fin novembre, un voyage de promotion au Japon pour la sortie de l’album ; au printemps 2011, une tournée de concerts au Japon toujours…
Photos réalisées et propos recueillis par Morgane L. pour Le Mensuel
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