CINÉMA

Suspens amoureux et film historique avec « C’est mon homme » de Guillaume Bureau

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C'est mon homme

 


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« C’est mon homme » de Guillaume Bureau

cinéma / drame / historique

 

« C’est mon homme » : En équilibre entre deux destins

De la Grande guerre, nombreux sont les soldats qui ne sont pas revenus et nombreuses sont les familles qui ont attendu, suspendues à l’espoir de revoir un jour leur père, leur fils ou leur frère. Combien d’entre elles n’ont jamais accepté le drame et se sont enfermées dans le déni ? Alors, lorsque la nouvelle se répand qu’un soldat amnésique vient de refaire surface, c’est inévitablement un espoir qui renaît chez ces familles incapables de faire réellement leur deuil…

Narration de sentiments d’une intensité folle, C’est mon homme évoque cette souffrance et cette miraculeuse renaissance. Deux femmes (campées par Leila Bekhti et Louise Bourgoin) se réclament d’être l’épouse d’un même homme (Karim Leklou), revenu du front sans aucun souvenir ni aucune identité. Chacune d’elle lui raconte sa vie d’avant, brosse son portrait perdu, et lui erre, sans indice, naviguant entre ces deux facettes proposées de lui-même.

 

 

Le trio d’acteurs a été mis au défi d’incarner la sincérité des sentiments de personnages dont on sait avec certitude qu’au moins l’un des trois ment. À travers leurs volontés respectives d’essayer de (re)trouver des vies que la guerre a effrontément arrêtées, les deux femmes apparaissent aussi légitimes l’une que l’autre dans ce prétendu mariage avec Julien le photographe amoureux de la brune mais aussi avec Victor, serveur partageant la couche de la blonde… Alors que ces deux « veuves » redoublent d’efforts pour ne pas le rester, le suspens monte crescendo et les questions se bousculent dans nos têtes : avec laquelle des 2 femmes reprendra-t-il le cours de sa vie ? Ne se souvient-il réellement de rien ? Celle qui n’est pas son épouse finirait-elle par croire en son propre mensonge ? Celle avec qui il partageait sa vie avant la guerre serait-elle prête à le perdre définitivement par amour ?

 

Affiche du film C'est mon homme

 

Le réalisateur s’est inspiré de la pièce de théâtre Comme tu me veux (1930) de Luigi Pirandello où l’auteur racontait l’histoire d’une jeune femme disparue et déclarée morte en 1917 avant d’être retrouvée amnésique des années plus tard. Durant ses recherches scénaristiques, Guillaume Bureau découvre un autre fait divers – bien réel celui-ci – autour d’un soldat français sans mémoire « réclamé » par plus de 300 familles dans les années 20 ! Enfin, on ne pourra pas faire l’économie d’une rapide comparaison avec le film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet (2004) dans lequel Mathilde (Audrey Tautou) n’arrivait pas à croire en la mort de son amour Manech (Gaspard Ulliel) sur le champ de bataille. Toutes ces inspirations, authentiques ou imaginaires, interrogent sur la notion d’identité et l’importance du regard de l’autre.

Tentative de réponse dans C’est mon homme, un long-métrage d’une grande sensibilité porté par des acteurs délicats et émouvants qui évoluent dans de jolies reconstitutions d’époque…

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo DR / Article paru dans Le Mensuel d’avril 2023

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