Wax Tailor en interview pour son album « Fishing for accidents » et sa tournée

« Sortir un album n’est ni essentiel, ni inutile… » Wax Tailor

À peine son nouvel album – Fishing for accidents – était-il sorti que Wax Tailor s’envolait pour les États-Unis afin d’y inaugurer une tournée internationale qui, en France, débutera fin avril sur ses terres normandes. Car oui, si certains en doutaient encore, on peut s’enorgueillir que ce « metteur en son » que le monde entier nous emprunte soit un pur produit « made in France » ! Depuis une vingtaine d’années, cette figure inclassable nous invite à le suivre dans des pérégrinations sonores qui, si elles sont multiples et variées (hip-hop, rap, electro et cordes cohabitent à merveille entre ses mains expertes), ont quasiment toutes pour point commun leurs références cinématographiques. Et sa 7^ème création, mélodique et narrative, ne fait pas exception à la règle…

Wax Tailor pour l’album & la tournée « Fishing for Accidents« 

interview / concert / electro / rap / hip-hop

• 06 mai 2023 / 20:30 / Monaco / Espace Léo Ferré

Morgane Las Dit Peisson : « Fishing for accidents »…

Wax Tailor : Je suis content qu’il sorte mais je n’ai pas changé, je ne sais pas voir les choses avec simplicité… (rires) Je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur la pertinence d’un 7^ème album, sur la raison pour laquelle j’ai encore besoin, à une époque où les disques ne se vendent plus, d’en élaborer un… Et puis, par moments, la réponse m’apparaît limpide : j’ai des idées en tête dont j’ai besoin de me libérer et un album est une solution beaucoup plus efficace et économique que des séances chez le psy ! (rires) Ensuite, pendant tout le process, c’est un éternel recommencement, il y a des matins où je me réveille en me disant que ce que je suis en train de faire est cool et se tient, et d’autres où je me demande bien pourquoi je m’acharne ! (rires) Je sais que je peux être horrible avec 90% de la production discographique actuelle tellement je la trouve médiocre, mais je ne suis pas beaucoup plus tendre avec mon travail… Et malgré tout, il y a quelque chose qui finit par être plus fort que moi et je lâche prise. Je pense en réalité que la vérité se cache dans la zone grise entre ces 2 états distincts : sortir un album n’est ni essentiel, ni inutile… 

Un album ne change pas la face du monde peu importe ce qu’il dénonce mais peut avoir un petit impact chez quelqu’un… 

Et c’est déjà énorme… C’est tout à fait ça le véritable intérêt d’un album mais quand tu as la tête dedans, tu l’oublies. Et puis, à un moment, un inconnu t’envoie un message pour te faire part de ce qu’il a ressenti et ça te touche véritablement. Que ce soit un compliment ou le témoignage d’un souvenir douloureux lié à ta musique, c’est troublant. Ça signifie qu’un de tes morceaux a réellement imprégné une vie et ça, ça n’a pas de prix…

Une tournée internationale qui débute en Amérique du Nord… 

C’est aussi excitant qu’épuisant mais passionnant à préparer ! (rires) Je travaille sur le live depuis le mois d’octobre. Scénographie, contenu vidéo, arrangements, création d’atmosphères, éclairages, sélection des morceaux mais aussi contraintes d’organisation… Avions, coûts, acheminement des décors… J’ai des tonnes d’idées qui, dans l’absolu, ne demanderaient pas des moyens faramineux mais qui vont être problématiques à transporter à l’autre bout de la planète ! Ça c’est mon amusement du moment ! (rires) 

Un show où tu ne seras évidemment pas seul…  

On part à 14 dont 6 techniciens. Sur scène, il y a 2 rappeurs – Matic et Napoleon Da Legend -, un guitariste issu d’Hocus Pocus, mon batteur, ma flûtiste – qui va également travailler sur les claviers -, un violoncelliste, l’irremplaçable Charlotte Savary et moi… Plus que promouvoir le dernier album, j’ai vraiment envie de retracer avec le public les 20 ans qui viennent de s’écouler…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Ronan Siri / Article paru dans Le Mensuel n°440 de mars 2023