CINÉMA
Clovis Cornillac en interview pour son nouveau film « C’est magnifique ! »
« J’adore être un artisan d’art… » Clovis Cornillac
Lorsqu’il se met à son ouvrage, Clovis Cornillac s’y adonne corps et âme. Perfectionniste et travailleur, le scénariste et réalisateur qu’il est nous prouve, à travers sa dernière création C’est magnifique !, que quoi qu’on entende, le travail « paye ». Petit joyau de cinéma, son dernier film qui met en scène un homme « différent » de la masse parce qu’il est resté vierge de toute perfidie, se présente sous une forme hybride. Drôle, terriblement émouvant et esthétiquement réjouissant, il mêle la comédie romantique, la science-fiction et le conte pour narrer une belle et enthousiasmante histoire qui rappelle que beauté, naïveté et bonté ne sont pas synonymes de stupidité…
🎥 Clovis Cornillac pour son nouveau film« C’est magnifique ! » en salles le 01 juin 2022
« La réalisation est la plus belle chose qui me soit arrivé professionnellement ! » Clovis Cornillac
Morgane Las Dit Peisson : De retour derrière la caméra…
Clovis Cornillac : Réaliser est une véritable passion et c’est d’ailleurs la plus belle chose qui me soit arrivé professionnellement ! Ce n’est pas comparable d’inventer le monde et d’être dans le monde de quelqu’un… J’aime viscéralement jouer mais façonner tout un univers, c’est fou !
Quand tu fabriques un film, à chaque cadre que tu fais, tu y mets un sens, une volonté de parler au subconscient du spectateur. C’est presque de l’hypnose… La réalisation, c’est une tonne de détails et de choix qui vont jusqu’aux cols de chemises mais, pour qu’elle soit bien faite, il ne faut pas qu’elle se voie. C’est d’ailleurs pour ça que le public aime autant les acteurs. Il aime ce qu’il voit, il ne peut pas apprécier ce qui est impalpable.
Une mission colossale…
Par définition, la réalisation est le plus gros travail car tu t’investis à chaque endroit. Tu puises dans ton imaginaire, dans ce qui t’est très intime et tu emmènes en fabrication tous les gens autour de toi pour aller dans une direction que tu ressens comme étant la voie à suivre. Quand tu avances ou que tu recules ta caméra, ça doit avoir un sens qui impacte imperceptiblement le récit. Il n’y a rien de plus grisant, fou, angoissant et génial à mes yeux que ça ! Jouer c’est fabuleux, mais j’adore être un artisan d’art…
« Je voulais qu’on me considère en tant que réalisateur ! » Clovis Cornillac
Jouer dans ses propres longs-métrages…
La première fois, je ne voulais pas, un peu par coquetterie. Je voulais qu’on me considère en tant que réalisateur et surtout pas qu’on s’imagine que je faisais un film pour m’offrir le rôle ! (rires) J’ai la chance de ne pas avoir de frustration en tant que comédien donc je n’ai pas besoin de jouer dans mes films pour exister, en revanche, si on parle de 7ème Art, on parle aussi d’industrie du cinéma et être « connu » est un plus pour trouver les financements. Malgré tout, je ne pourrais pas jouer dans un de mes films si ça me semblait absurde ou inapproprié… Le côté très « pratique » par contre pour le réalisateur, c’est qu’il a son comédien sous la main tous les jours et qu’il ne perd pas de temps à lui expliquer ce qu’il attend de lui ! (rires)
« Il ne fait que mettre en relief nos propres absurdités… » Clovis Cornillac
C’est magnifique ! a le pouvoir de faire du bien…
Ça me touche parce que c’est inhérent à ce projet et c’est ce qui en fait quelque chose de fragile. On est dans une période plutôt cynique, frontale et ricanante alors quand tu te balades dans des univers plus « ronds » et poétiques, tu peux passer pour un imbécile mais il faut l’assumer. Je trouve la naïveté et le bonheur affirmé d’un Dario Moreno chantant C’est magnifique absolument sublime. Je suis conscient que ce n’est pas une fin en soi mais c’est le début de quelque chose.
Quoi qu’il arrive, il y a une lumière là-dedans. Le personnage de Pierre est radieux parce qu’il est gourmand de savoir, de rencontrer, de parler, de comprendre et c’est parce qu’il se retrouve confronté à « notre » quotidien qu’il nous apparaît comme étrange, voire idiot alors que par sa naïveté, il ne fait que mettre en relief nos propres absurdités. Je suis heureux si les gens ressortent de la salle en se disant que c’est un film « chouette », qu’il est « bath » comme dirait Pierre ! (rires) Si C’est magnifique peut donner un petit swing, aider à relativiser ou à regarder les choses sous un autre angle, il portera bien son titre !
« Je me dévoile dans tous mes films… » Clovis Cornillac
Un film qui ne donne pas de leçon…
C’est ça qui est intéressant avec ce personnage. Il ne peut pas en donner puisqu’il n’en a pas reçu, il ne fait que mettre le doigt sur les choses et ne désire rien d’autre que ça aille bien pour tout le monde. C’est une vision un peu simpliste de la vie mais rafraîchissante. En ça, je lui ressemble un peu… Je ne kiffe pas que des gens en bavent pour que j’aille bien et c’est un sentiment qui se retrouve dans ce film. Ce n’est pas à la mode malheureusement mais je ne désespère que ça le devienne ! (rires)
C’est magnifique ! n’a rien d’autobiographique mais semble pourtant te ressembler un peu…
Je me dévoile dans tous mes films, ils sont tous d’une intimité folle ! C’est inconscient mais en réalité, tu te mets partout ! Entre les thématiques et les façons de filmer, je suis sûr que quelqu’un qui décortiquerait mes films apprendrait tout de moi ! (rires) Quand tu endosses un rôle qu’on te confie, tu te caches derrière lui mais quand tout sort de ta tête, c’est impossible…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel à l’Hôtel Splendid pendant le festival Cannes Cinéma / Photos par Claire Nicol
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