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Patrick Le Chinois en interview pour son « Smart China Tour »

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On pourrait croire que Patrick Veisselier s’est laissé hypnotiser par La Baya d’Arletty et son « Chine, chine, chine, chine » mais si l’humoriste a décidé de s’aventurer seul sur scène en apprenant des spectacles entiers en phonétique, ce n’est dû qu’à une soirée un tantinet trop arrosée… Parti d’un pari entre amis la 1ère fois, ce projet un peu dingue mais couronné de succès devait voir le jour une 2nde fois, en Chine, sur la Tour Eiffel et à Las Vegas ! Pandémie oblige, la tournée s’est annulée mais le comédien a tenu à assurer ses dates à Guyand et Chengdu. Impossible de voyager normalement ? Qu’à cela ne tienne, il décide alors de rejoindre l’empire du Milieu en prenant la route, seul, dans une petite Smart ! 20 000 km, un mois de périple et une dizaine de pays traversés à vivre avec lui via son site et ses réseaux sociaux !


 

Patrick Le Chinois « Smart China Tour »

Départ de Paris le 30 avril > arrivée en Chine début juin 2021

Périple à suivre et à soutenir sur patricklechinois.com

 


« Il fallait que je devienne humoriste chinois ! »


 

Morgane Las Dit Peisson : En pleine promo avant le grand départ…

Patrick Veisselier : Je ne vais pas me plaindre car c’est une vraie chance que les médias s’intéressent à mon épopée ! (rires) Alors c’est sûr que j’enchaîne pas mal mais c’est une fatigue plutôt joyeuse qui s’accumule… Je risque de moins faire le malin dans quelques jours ! (rires)

 

Un voyage qui va ressembler à un périple…

Je dois avouer que je suis plutôt stressé et que je me demande quand même ce qui m’a pris ! (rires) Ça va être un voyage long et compliqué dans une voiture certes neuve mais pas spécialement adaptée à l’exercice et avec un chauffeur (moi) pas du tout adapté ni à l’exercice ni à la voiture… (rires)

 

Smart China Tour suscite de l’intérêt…

Il y a beaucoup de sponsors et de partenaires qui se sont mis à me suivre dans ce projet un peu dingue dont, évidemment, Smart qui m’a équipé la voiture dans laquelle je vais passer plus d’un mois… J’ai toutes les cartes en main pour que ça se passe bien… Maintenant, tout va dépendre de moi ! (rires)

Jouer un spectacle en chinois quand on ne parle pas la langue…

Vous l’aurez compris, je fais souvent l’apéro ! (rires) Et sans rire, cette idée est réellement née pendant un apéro, sinon ça n’aurait eu aucun sens ! (rires) Un ami chinois m’a fait la réflexion qu’on était 20 000 humoristes à essayer de se faire une place en France alors qu’en Chine il n’y en avait pas un seul parmi le milliard et demi d’habitants ! CQFD, il fallait que je devienne humoriste chinois ! (rires) Et puisque la langue est hyper compliquée à apprendre, j’ai décidé de jouer en phonétique…

 

Ce n’est pas une 1ère

Je suis un récidiviste en effet, il n’y a que pour le voyage en voiture que j’innove ! (rires) Pour gagner mon pari la 1ère fois, je ne me suis pas démonté et je suis allé dans ce pays que je ne connaissais pas du tout et où je me suis vite aperçu que l’humour avait des frontières… On a loué un petit théâtre de 50 places qui se sont vendues en une demi-heure – ce qui ne m’était jamais arrivé durant toute ma carrière ! (rires) – alors on est passé sur une jauge de 400 ! Ça s’est très vite vendu et du coup, je me suis retrouvé à jouer devant 1000 chinois le lundi au Palace à Paris, c’était complètement dingue et c’est là que je me suis dit qu’il y avait peut-être un truc ! (rires)

J’ai fini par me prendre de passion pour la Chine après m’être rendu compte que j’étais un peu crétin ! (rires) J’avais plein de préjugés sur les chinois et ils se sont tous avérés faux ! Et ce qui est passionnant, c’est qu’on s’aperçoit qu’on a mutuellement des idées préconçues sur l’autre ! Je retourne en Chine avec plaisir car ça m’a donné une véritable ouverture d’esprit la première fois…

La grande différence qu’il va y avoir, ce sera le spectacle en lui-même car pour le précédent, le « contenant » avait fini par être plus important que le contenu. Le côté « performance » avait vraiment pris le pas sur les propos alors cette fois-ci, je compte bien allier les deux !

Aucune envie d’apprendre la langue entre deux ?

Sincèrement non car je n’aurais jamais pensé le refaire tant l’effort que ça avait demandé avait été violent ! Et puis, en plus de jouer, je suis aussi un petit producteur et l’air de rien, ça prend du temps ! J’ai écrit et produit La fève du samedi soir avec Capucine Anav et Le réveillon avec Jean-Michel Maire et n’ayant pas l’habitude de gérer la partie production, ça m’a demandé beaucoup de travail. Mais j’ai eu pas mal d’appels du pied de potes chinois alors je me suis remis, en 2019, à repenser à un projet pouvant réunir performance et qualité. Pour ça, j’ai essayé d’imaginer un spectacle qui n’ait pas de frontière… Je ne parle pas des différences entre l’Occident et l’Orient – c’est un texte qui, potentiellement, pourrait être traduit en russe ou en espagnol – et surtout, il fallait qu’il me fasse marrer !

 

Un spectacle qui a bien failli ne pas voir le jour…

Le spectacle a été approuvé par le gouvernement chinois très rapidement il y a deux ans et il devait avoir une vie commerciale très intéressante puisqu’il devait démarrer en avril 2020 sur le premier étage de la tour Eiffel. Je devais ensuite le jouer pendant trois mois dans un casino à Las Vegas… Il y a eu la pandémie qui a envoyé tous ces projets en l’air et qui a eu, pour moi, des conséquences très importantes… Ça m’a pratiquement ruiné… Je n’ai eu ni revenus en 2019 puisque c’était une année de préparation ni en 2020 puisque tout s’est retrouvé annulé… J’avais programmé deux dates importantes pour moi à Guyang et à Chengdu et quand j’étais chez mon comptable en octobre dernier à me demander si je devais déposer le bilan, je me suis dit que ce serait bien d’aller au bout de ce projet en les honorant. Puisque les voyages en avion semblaient aussi compliqués qu’incertains, dans l’énervement, j’ai dit que j’irai en voiture ! Bon, j’étais dépité, j’avais fait l’apéro et il était deux heures du matin… Après il a fallu assumer pour ne pas perdre la face ! (rires)

 

Un one-man qui s’intitule « En attendant Beyonce »…

Je débarque sur scène pour présenter la star qui doit arriver et qui a, malheureusement, un problème technique… C’est très embêtant, je suis obligé de meubler et c’est très très gênant pour mon personnage… Surtout que je dois faire patienter un public dont, a priori, je parle assez mal la langue…

Un immense travail pour mémoriser le texte en phonétique certes, mais aussi pour retenir son « sens » et avoir le bon jeu, les bonnes mimiques aux bons moments…

La chance d’en être au 2ème spectacle c’est que je peux éviter de reproduire les erreurs du 1er pendant lequel j’ai été confronté à un problème de taille ! Je connaissais le déroulé du spectacle par cœur mais je n’avais pas anticipé que je pouvais ne plus me souvenir de la correspondance en français de ce que j’étais en train de dire en chinois… Donc les gens riaient mais je ne savais plus exactement pourquoi… (rires) C’était assez horrible cette première ! (rires) Ça m’a servi de leçon et dès la 2èmereprésentation, j’avais quelqu’un en coulisses qui me rappelait de quoi je parlais et il m’a fallu environ 30 dates pour m’y habituer…

Sur ce 2nd spectacle, le chinois n’est plus une langue totalement inconnue et surtout, j’ai trouvé une astuce pour me repérer. J’ai encadré par des chansons – 3 en chinois et 3 en français – chaque chapitre qui, pendant une douzaine de minutes, développe une thématique précise.

 

Des chansons en mandarin au goût – assez mièvre – chinois…

(rires) C’est moche de critiquer mais je comprends tout à fait… Il y a une chose que je n’ai fait qu’une seule fois devant un public chinois, ça a été de chanter « Hélène, je m’appelle Hélène » en robe et en perruque… Pour moi, c’était une intro de sketch mais pour les gens dans la salle, ça a été un clin d’œil, une sorte d’hommage… Je ressemblais à un vieux travesti défraîchi et, à peine j’ai commencé à chanter, qu’ils ont dégainé les briquets et les ont allumés ! Je me suis tapé toute la chanson d’Hélène, les chinois étaient à fond et m’ont remercié de l’avoir reprise alors qu’ils savaient qu’en France on se moquait d’eux à ce sujet… C’était horrible, je l’ai retirée illico du spectacle ! (rires)

Cette fois-ci, les chansons servent donc à structurer le one-man mais aussi à montrer que mon personnage, au départ mal à l’aise, finit par prendre la confiance sur scène ! (rires) Je débute en français par Les Champs-Élysées et je me lâche en chinois avec chorégraphie et chansons d’amour…

 

J’espère que nous aussi on va pouvoir suivre ça ?

Oui, tout va être filmé depuis la voiture qui est équipée de caméras ! Pendant mon trajet, j’ai beaucoup de visites à faire dans des ambassades françaises à qui je dois déposer des cadeaux de la part de mes partenaires – dont du saucisson et des Côte-Rôtie -, je vais devoir trouver à me loger, à me nourrir, je vais réviser mon texte, je vais faire plein de tests PCR, je vais passer des frontières, je vais sûrement rencontrer deux ou trois galères et puis, si tout va bien, je vais arriver en Chine, répéter puis jouer ! Vous pourrez tout suivre pratiquement en temps réel sur ma page Facebook @patricklechinois !

20 000 km à faire seul et en voiture…

Cette partie-là aussi, c’est un vrai défi pour moi ! Ma femme s’est foutue de moi parce que c’est rare que je fasse Lyon – Paris en voiture mais si je le fais, je m’arrête en permanence ! Ce n’est pas gagné d’avance ! (rires) Je n’aime pas spécialement rouler, je n’ai pas le sens de l’orientation, si je vais au supermarché je me perds dans les rayons donc je me suis surpris moi-même de me sentir aussi présomptueux à l’idée de partir en Chine par la route ! (rires) Je sens bien que rien ne penche en ma faveur, même Smart qui ne voulait pas me mettre de roue de secours afin de me laisser le plus de place possible dans la voiture, après avoir essayé de m’apprendre à réparer une roue pendant deux heures, a fini par m’en mettre deux ! (rires) Là, par contre, j’ai eu une grosse perte de confiance en moi ! (rires) En même temps, c’est plus sûr car j’ai vu que les routes au Kazakhstan n’étaient pas goudronnées… Sans compter que j’ai intérêt à remplir mes bidons d’essence car il n’y a pas de stations-service partout… Mais je reste très optimiste comme vous pouvez le voir ! (rires)

 

On se focalise sur la Chine mais vous allez traverser plusieurs pays avant d’y arriver…

Le tracé a un peu bougé parce que, par exemple, je dois passer par l’Ukraine mais il y a un conflit armé à la frontière russe donc je vais devoir faire un détour par la Moldavie, ajouter un test PCR et de la paperasse supplémentaire ; des pays comme la Chine et la Russie sont complètement fermés ; en Chine le permis international n’est plus valide… Sans parler de la barrière des différentes langues que je ne vais pas comprendre et tous les problèmes que je n’imagine pas encore mais auxquels je vais sûrement être confronté !

Ça fait penser à un Pékin Express solitaire…

C’est exactement le même principe ! Il va falloir que je trouve chaque soir où dormir, où faire mes tests Covid, où manger et où faire le plein tout en répétant mon spectacle au volant et en prenant du temps pour finir d’écrire mon livre que je dois livrer à Amazon le 15 juin prochain ! Je vous l’ai dit : je suis un incorrigible optimiste ! (rires)

 

On va pouvoir suivre le périple mais aussi y participer en vous soutenant…

J’ai un partenariat avec l’application Relive qui va suivre mon parcours et automatiquement générer une vidéo par jour qui sera en ligne à 19h (heure française). Mais j’ai en effet également une boutique sur patricklechinois.com qui permet à ceux qui le souhaitent de participer au voyage en m’offrant un café, un casse-croûte, du crédit de téléphone pour appeler mes enfants, une nuit d’hôtel ou encore un massage ! (Là je fantasme peut-être un peu…)

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos par Fred Le Calvez


Interview parue dans Le Mensuel n°420 de mai 2021

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