COUPS DE COEUR

Claudio Capéo en interview pour son nouvel album « Penso a te »

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En hommage à ses origines italiennes, Claudio Capéo s’est aventuré, lui qui osait à peine la parler en famille, dans les méandres de cette langue au charme incontestable. En revisitant quelques-uns des titres qui ont bercé son enfance, le chanteur aux éclats de rire contagieux a injecté dans notre quotidien morose, un peu de douceur grâce à son dernier album Penso a te

 


« C’était un véritable retour aux sources, ça m’a fait un bien fou ! »


 

« J’ai besoin de prendre les gens dans les bras ! »

Morgane Las Dit Peisson : En manque de scène ?

Claudio Capéo : Bien sûr, c’est horrible de ne pas pouvoir aller sur scène ! On ne travaille que pour ça, on a envie de retrouver le public, de le sentir, de partager des moments magiques avec lui ! J’ai besoin de contacts « physiques » alors je suis vraiment frustré avec le Covid ! (rires) Les câlins me manquent terriblement, j’ai besoin de prendre les gens dans les bras ! J’ai l’impression que ça fait 1000 ans que tout ça n’est plus arrivé…

Une tournée qui se décale encore et encore…

Cette tournée (quand elle pourra enfin se faire !), on l’a voulue « simple » et sincère, sans artifices, sans explosion de lumières ou d’effets. On a envie de salles plus « petites » et plus intimes, on a juste besoin d’être ensemble à nouveau pour chanter les titres de Tant que rien ne m’arrête mais aussi de Penso a te… Je pense qu’on va se faire un gros kiff ! (rires)

Les confinements ne t’ont pas vraiment ralenti…

(rires) Je parle toujours aussi vite ? Je crois que c’est encore pire dans des moments comme ça, je suis comme un lion en cage ! (rires) Mais plus sérieusement, j’ai quand même appris à prendre un peu plus mon temps et à profiter à fond de ma famille…

 

« Ce n’était vraiment pas évident de reprendre ces chansons ! »

Entre deux, tu t’es quand même offert une virée en Italie pour ton nouvel album Penso a te

On est allés enregistrer près de Florence, dans un petit studio avec Davide Esposito et Régis Ceccarelli. Ça ne parlait qu’italien, on mangeait la pasta tous les jours sous le soleil de l’Italie, c’était un véritable retour aux sources, ça m’a fait un bien fou ! 

Tu t’es attaqué à des classiques italiens…

Ce n’était vraiment pas évident de reprendre ces chansons parce qu’effectivement ce sont des classiques du répertoire italien mais en plus, même en France tout le monde les connaît ! Via con me, Caruso, Senza una donna… Si tu les massacres, ça ne passe pas inaperçu ! (rires) Et puis, il y en a d’autres qui ont moins marché chez nous comme E penso a te ou Il mio rifugio mais que j’aime très fort parce qu’elles racontent des histoires magnifiques.

Ce sont des chansons que tu entendais chez toi ?

Mes parents sont des immigrés italiens arrivés en France dans les années 60 avec toute une culture italienne qui m’a bercé quand j’étais enfant. Petit, certaines des chansons de l’album tournaient en boucle à la maison alors les choisir a été une évidence. Le plus dur, finalement, a été de ne pas en sélectionner certaines parce qu’on ne pouvait pas en mettre 50 !

 

« J’ai décidé de me replonger dans cette culture si riche, joyeuse et merveilleuse ! »

Chanter dans la langue de tes parents est un joli cadeau, c’est le duo avec Julie Zenatti – Sparring partner – qui t’a poussé à oser ?

C’est vrai que Sparring partner a peut-être été un déclic, ça m’a prouvé que je pouvais chanter (un peu) en italien mais me lancer dans tout un album, je dois avouer que ça m’a effrayé ! J’avais super peur… Du coup, après le 1er confinement, j’ai décidé de louer un van et de partir en famille sur les routes d’Italie pour aller à la rencontre des gens et pour me replonger dans cette culture si riche, joyeuse et merveilleuse ! Après ça, je me suis dit que j’étais à peu près prêt à entrer en studio pour enregistrer sans que la honte s’abatte sur mes parents ! (rires) Et puis, Davide Esposito m’a beaucoup aidé en m’expliquant exactement le sens des textes pour que je sois toujours dans l’émotion la plus juste possible. Il a été d’une aide précieuse…

Des découvertes parmi les textes ?

Des fois il y a des choses qu’on préfèrerait ne pas comprendre ! (rires) Dans Senza una donna, ça dit qu’on n’a pas besoin des femmes à part pour une certaine « activité »… C’est tellement éloigné de ce que je pense des femmes et de la vision que j’en ai que j’en ai presque été gêné ! (rires) Mais c’est aussi ce que permet une reprise, aller dans un univers qui n’est pas nécessairement le tien, c’est un peu comme jouer un rôle pour un comédien.

 

« Quand tu reprends une chanson, il faut que tu admettes d’emblée que tu ne feras jamais mieux que l’originale… »

On pourrait s’imaginer qu’une reprise est plus « facile » qu’un nouveau morceau…

Oh non… C’est hyper complexe de reprendre un titre, surtout quand il a eu – et a encore – du succès ! Il faut lui apporter un peu de soi sans le dénaturer, c’est vraiment un travail d’équilibriste dont j’aurais été incapable sans le soutien de Régis et Davide. J’ai eu besoin de leur confiance, de leurs mots, de leur présence et du travail artistique qu’ils ont apporté sur chaque titre. Et puis, quand tu reprends une chanson, il faut que tu admettes d’emblée que tu ne feras jamais mieux que l’originale. Tu ne pourras proposer qu’une vision et une lecture un peu différentes qui comportera ta fraîcheur et ta sincérité à toi…

Un album qui peut séduire les plus jeunes…

C’est un album de partage, de bonheur, d’amour et de dolce vita alors j’ai aimé l’idée de faire découvrir ces chansons à un public plus jeune qui les voyaient peut-être comme des titres un peu ringards parce qu’ils étaient écoutés par leurs parents ou grands-parents.

En parlant de partage, il y a des duos…

Et j’ai oublié de t’en proposer un ! (rires) Je suis impardonnable mais à ma décharge, je ne sais pas si tu aurais pu faire le poids face à Gianna Nannini vu la voix qu’elle a ! (rires) Elle a une voix extraordinaire, c’est une star en Italie et en plus, c’est une femme en or, une femme de caractère, qui est vraie et juste… Et puis Davide Esposito ça a été une évidence… J’ai vraiment beaucoup d’amour pour cette personne, il est la bonté même et en peu de temps, il est devenu qu’un qui compte vraiment pour moi.

 

« On l’a imaginé pour qu’il soit une petite bulle de bonheur et de fraîcheur »

Un album qui a l’avantage, surtout en cette période, de nous faire voyager dans un pays plein de charme…

Je crois qu’on a tous besoin d’évasion, de rêve et de douceur et c’est pour ça qu’on n’a pas voulu décaler la sortie de l’album. On l’a imaginé pour qu’il soit une petite bulle de bonheur et de fraîcheur alors, peu importe le contexte, il fallait qu’il sorte parce qu’on est convaincus qu’il ne peut faire que du bien à ceux qui l’écouteront. 

Comment ont réagi tes parents à cet album ?

Mes parents ? Ils ont pleuré évidemment ! (rires) J’étais assez timide et gêné à l’idée de parler italien, même avec eux, alors m’entendre chanter dans leur langue, ça les a énormément touchés… Et puis dedans il y avait une surprise pour chacun d’entre eux, le titre Mamma que j’ai écrit avec Davide et Sono di Bonefro qui est une très vieille chanson devenue « l’hymne » du village de mon père… Un jour, ma soeur m’appelle pour me dire qu’elle avait retrouvés les parents en larmes parce qu’ils étaient en train d’écouter l’album… C’était trop mignon et ça m’a procuré beaucoup d’émotions…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • PhotoDiego Di Guardo 


Interview parue dans Le Mensuel n°419 d’avril 2021

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