INTERVIEW
Liane Foly en interview
Après une « pause » tant théâtrale qu’humoristique, c’est à ses premières amours musicales que Liane Foly est revenue il y a un peu plus d’un an avec Crooneuse, son dernier album. Composé de reprises de morceaux pour la plupart chantés à l’origine par des hommes, c’est à la sauce jazzy qui lui colle tant à la peau depuis toujours que l’espiègle « multi-talentueuse » s’est amusée à concevoir un opus où elle donne indéniablement de sa voix. Faisant le grand écart entre, par exemple, La boîte de jazz, Toute la musique que j’aime et Jardin d’hiver, la belle a tout de même réussi, en compagnie de son complice Frank Eulry – aux arrangements – à faire de ces improbables associations, un ensemble esthétique, cuivré et chaleureux...
« CROONEUSE »
À Mandelieu aux Nuits de Robinson le 08 juillet
« Il faut essayer de garder confiance en soi, de rester sincère et d’offrir du bonheur aux gens… »
Morgane Las Dit Peisson : On vous voit pas mal en ce moment…
Liane Foly : C’est vrai que j’enchaîne beaucoup les émissions et les interviews ces derniers temps, c’est un peu la course à la promo depuis un bon mois et demi, ça génère un peu de fatigue physique mais ça va quand même ! Je suis en train de reprendre l’habitude ! (rires) Le public ne s’en rend pas toujours compte mais c’est, l’air de rien, une bonne part du boulot que d’assurer le service « avant-vente » mais en général, on rit bien alors ça reste plaisant ! (rires)
Vous revenez en concert en Crooneuse mais le titre de cet album n’a rien de féministe, vous seriez plutôt une égalitariste…
Ah oui, complètement ! Je n’ai choisi ce titre que parce que je trouvais que ça sonnait bien et que ça me collait à la peau mais en aucun cas je ne suis une militante féministe. Être féministe pourrait laisser entendre qu’on ne se bat que pour les femmes et leurs droits alors que je suis profondément convaincue que l’on a besoin des hommes autant que des femmes et que l’on doit vivre ensemble dans l’égalité. Ça par contre – je ne dirais pas que c’est un combat parce que je ne suis pas en guerre – mais j’y tiens beaucoup. L’égalité entre les êtres doit prévaloir sur tout.
Vous admirez les femmes sans les jalouser, vous imitez leurs voix et dans votre dernier album vous leur rendez hommage en reprenant J’aime regarder les filles…
Et en plus c’est sincère ! (rires) Je pense honnêtement que je dois ça à l’éducation que j’ai reçue de ma grand-mère et de ma maman. Vous savez, ma grand-mère a été une femme très sage, qui a beaucoup oeuvré pour le Secours Populaire, qui aidait les religieuses de mon quartier, qui faisait beaucoup de belles choses et mes parents se comportaient de la même manière… Ça laisse des traces d’être au contact de gens si bons et si généreux et ça m’a apporté une véritable lucidité par rapport à la brièveté de la vie, de la beauté et de la jeunesse. Et puis, jeune, beaucoup de femmes m’ont touchée, chanteuses, actrices, révolutionnaires ou intellectuelles, elles ont marqué leur temps et les admirer m’a permis de m’élever tandis que jalouser ne m’aurait menée nulle part.
Crooneuse, plus qu’un album de reprises est un recueil de revisitations…
C’est vrai qu’entre La boîte de jazz, Toute la musique que j’aime et Jardin d’hiver, on fait parfois le grand écart mais ce qui m’a justement amusée, c’était de marier tous ces titres qui ne se ressemblent pas en temps normal, grâce à une esthétique commune. Mais ce résultat fluide et équilibré, je le dois à ma rencontre avec Frank Eulry et à nos presque deux ans de travail. En tombant sur lui, j’ai trouvé le mec qui me convenait tout à fait ! (rires) Pour Crooneuse, il est l’arrangeur, le directeur musical, il a fait des voix… Honnêtement, il est exceptionnel, c’est une rencontre fabuleuse !
Reprendre les chansons des autres, c’est excitant ou angoissant ?
Sincèrement, on a la chance de travailler dans un milieu fait certes de travail mais avant tout de plaisir alors il faut rester concentré sur ça. C’est sûr que si j’avais repris des titres tels quels, les gens se seraient lancés dans des comparaisons et surtout, moi, je me serais ennuyée ! (rires) Alors au contraire, on a travaillé sur les arrangements et sur le rendu de ma tonalité jazz très cuivrée, très crooneuse. Alors même si c’est un métier où l’on angoisse toujours un peu par crainte de décevoir les gens, il faut essayer de garder confiance en soi, de rester sincère et d’offrir du bonheur aux gens, que ce soit dans le rire ou dans la chanson, c’est vraiment mon but ultime.
Crooneuse est un album chaud et lumineux…
Oui c’est une musique qui se veut très forte, pleine d’âme et très solaire grâce au côté cuivré et lancinant. Je suis heureuse car je pense qu’on l’a bien réalisé… Je pensais à ce projet depuis longtemps alors je suis soulagée qu’il ressemble à ce que je désirais. Avec Frank, on l’a fait avec authenticité, rien n’a été calculé, on a juste laissé parler nos âmes…
Après deux spectacles d’imitations, vous revenez avec votre vraie voix…
Oui et bizarrement, l’exercice des imitations m’a fait me rapprocher de ma vraie voix, ce qui m’a permis de faire de tous ces titres des versions très personnelles.
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Droits réservés
Interview parue dans Le Mensuel de mai 2016 n°370 éditions #1 et #2
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