INTERVIEW
Alex Vizorek en interview
Depuis quelques temps, Alex Vizorek, tout droit venu de sa Wallonie natale, occupe les ondes et les salles françaises… Chaque jour en radio sur France Inter et chaque semaine sur scène à Paris ou en province, l’humoriste trentenaire agrandit son cercle d’admirateurs petit à petit et le plus naturellement du monde. À l’affiche d’un spectacle – Alex Vizorek est une oeuvre d’art – qu’il retouche et qu’il améliore sans cesse depuis bientôt sept ans, le jeune homme, qui n’a pas choisi la facilité, réussit désormais à rencontrer un public qui aurait pu avoir peur du thème qu’il a choisi de traiter : l’art. Prouvant que l’on peut rire de tout, y compris des plus grandes oeuvres, Alex Vizorek relève le défi de nous faire hurler de rire chaque soir en débattant sur l’utilité de peindre un tableau blanc ou encore de jouer des cymbales…
« ALEX VIZOREK EST UNE OEUVRE D’ART »
À Taradeau à Rire en Vignes le 27 juillet 2017
À Avignon au Off en juillet 2017
« Je voulais vraiment créer un spectacle avec du fond sans qu’il soit pour autant pesant, prétentieux ou inaccessible… »
Morgane Las Dit Peisson : Comment se passe la tournée du spectacle Alex Vizorek est une oeuvre d’art ?
Alex Vizorek : Très bien, je suis ravi de pouvoir jouer ce spectacle un peu partout ! C’est une espèce de tournée presque permanente car je fais de la radio toute la semaine et je ne peux du coup partir sur les routes qu’en week-end… Par contre, le reste du temps, quand je quitte France Inter, je peux enchaîner sur scène dans la région parisienne. Finalement, je le joue un peu tout le temps…
Un rythme plutôt intense…
C’est vrai que je ne chôme pas mais ça permet aussi de ne pas tomber dans la routine ni même d’avoir l’impression de perdre son temps ! J’ai longtemps attendu que ça démarre alors je crois que maintenant que j’ai la chance que ça fonctionne de mieux en mieux, je suis devenu assez gourmand ! (rires)
Le travail en radio et celui sur scène se servent mutuellement ?
Oui les deux exercices se complètent vraiment… La radio permet de tester chaque jour de nouvelles choses. Si ça marche tant mieux mais si ça ne marche pas, ce n’est pas dramatique car on proposera quelque chose de complètement différent le lendemain ! La scène a quelque chose de jouissif car quand ça fonctionne, on entend des centaines de personnes rigoler en même temps, par contre, j’ai vraiment l’impression que c’est un travail qu’on polit, qu’on peaufine… On retire des vannes, on en ajoute d’autres, on est constamment à la recherche d’une perfection bien sûr inatteignable mais qui nous tire toujours un peu plus vers le haut.La radio me fait étudier l’actu, la scène me permet d’améliorer mon jeu et mon écriture et les deux me permettent de ne jamais m’ennuyer !
Alex Vizorek est une oeuvre d’art est extrêmement drôle tout en étant intelligent…
Je voulais vraiment créer un spectacle avec du fond sans qu’il soit pour autant pesant, prétentieux ou inaccessible et surtout, je voulais décomplexer les gens qui pensent à tort qu’il faut être bardé de connaissances pour apprécier l’art… On peut prendre du plaisir avec des œuvres d’arts, des grands films ou des bons livres sans être un spécialiste alors, lorsque je reçois des photos de gens dans des musées, j’ai l’impression, au delà de les avoir divertis le temps d’une soirée, d’avoir été utile à quelque chose.
Vous abordez la musique, le cinéma, la peinture, la sculpture…
Oui, j’ai essayé de sélectionner des oeuvres qui m’ont marqué, intrigué, impressionné alors ce n’est pas objectif mais je crois que c’est drôle… (rires) Il n’y a rien de plus angoissant, sur papier, que l’humour intello alors « expliquer » ce spectacle sans faire peur aux gens a été long et ardu mais maintenant qu’ils me connaissent un peu plus grâce à la radio et à la télé, ils savent qu’ils ne ressortiront pas de la salle avec la migraine et l’impression d’avoir assisté à une conférence ! (rires) Et puis, après le spectacle, quand je les croise en terrasse et que je les entends débattre sur l’intérêt de peindre un tableau blanc, je me dis que j’ai tapé juste…
Beaucoup d’humour, d’autodérision, d’esprit et de bienveillance…
C’est en tous cas ce que j’espère véhiculer car je trouve que ça ne sert à rien d’être méchant, je pense qu’être sarcastique se suffit à soi-même. Être méchant c’est facile tandis que dire les choses avec un peu de panache, ça exige du travail et c’est d’ailleurs souvent plus poignant qu’une simple insulte…
Et, comme tous nos amis belges, vous n’êtes pas rancunier avec nous, français…
C’est vrai que les belges en ont pris pour leur grade avec les français ! (rires) Mais ça rejoint ce que je disais précédemment, ça n’a jamais été blessant car toutes les blagues sur nous ont toujours été faites avec tendresse. On a un véritable rapport avec la France… On regarde vos chaînes de télé, on est juste à côté, on s’intéresse à votre actualité… On se sent un peu comme le petit frère naturel de la France ! (rires) Et puis, il ne faut pas oublier qu’on est des adeptes de l’autodérision chez nous, même nos chercheurs ont de l’humour ! Pour preuve, les liégeois Les Speculoos de l’espace – et ce sont eux qui se sont surnommés comme ça – qui ont trouvé de nouvelles planètes et qui les ont baptisées avec des noms de bières belges puisque leur téléscope s’appelait Trappist-1… Ça ne s’invente pas une histoire pareille… (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Mathieu Buyse & Jonas Hamers
Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2
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