INTERVIEW
Mathilde Bisson en interview
Après avoir passé de longs mois sur les planches dans le boulevard très seventies Fleur de cactus diffusé il y a quelques semaines en direct sur France 2, la lumineuse Mathilde Bisson a offert aux téléspectateurs un autre bond dans le temps grâce, cette fois-ci, à une série télévisée. Incarnant dans Juste un regard – aux côtés de Virginie Ledoyen et Thierry Neuvic – un personnage mystérieux du passé de ce couple qui paraissait sans histoires, la séduisante blondinette rappelle que si la beauté est évidemment un atout, le labeur, le talent et la passion sont les éléments essentiels de tout bon comédien…
Dans la série : « Juste un Regard » sur TF1
Diffusion du 15 au 29 juin
« Chacun de mes rôles doit être une évidence »
On vous a vue dernièrement dans la pièce Fleur de Cactus aux côtés de Catherine Frot…
Mathilde Bisson : On a joué cette pièce à peu près 250 fois, c’est énorme ! (rires) Je ne vais pas mentir, c’est fatigant mais ça reste quoi qu’il en soit une magnifique aventure. Jouer tous les soirs exige une discipline quasi sportive car il faut conserver au quotidien une forme tant physique que morale, on se doit d’être toujours au top pour donner le meilleur de soi-même.
Votre personnage dans la pièce a un phrasé lent très particulier qui nous replonge dans les années 60…
Ça nous est étrange à notre époque mais le naturel des années 60 n’est pas celui de maintenant… Michel Fau m’a demandé d’aller dans cette direction là, de pousser vers le style de Brigitte Bardot, d’être à côté, un petit peu en décalage et en tant que comédienne, ça a été un travail très intéressant. On est plongé dans un décor artificiel aux allures de bande dessinée, ma diction déroute dès que la pièce débute et pourtant, on trouve une certaine vérité là-dedans…
Un rôle comme celui-ci exige de la recherche ?
Oui et non… À mes yeux, chacun de mes rôles doit être une évidence. Je ne fais pas trop de recherche psychologique contrairement à pas mal d’acteurs. J’essaie d’apporter quelque chose, de m’amuser et de pousser ce que j’ai en moi à l’extrême. Que ce soit au théâtre, en télé ou au cinéma, c’est pareil. Je n’accepterais jamais un rôle si je ne me vois pas dedans parce que je sais d’emblée que je serais très mauvaise. Bien sûr, je vais étudier et peaufiner mon personnage mais il faut que la base soit instinctive.
Des nominations aux Molières pour Fleur de Cactus et aux Césars pour le film Au plus près du soleil…
Je suis très heureuse d’avoir été nominée car c’est déjà une grande récompense en soi et en même temps, ça a quelque chose d’un peu cruel, comme à l’école où l’on doit être le meilleur pour avoir une image et être bien classé ! (rires) C’est assez bizarre comme sensation car on sait que c’est subjectif mais lorsqu’on n’entend pas son nom, on ne peut pas s’empêcher de ressentir une petite déception.
Il y a dans votre vie le théâtre mais aussi le cinéma…
Le vrai moteur dans tout ça, c’est le jeu… Le cinéma est beaucoup plus intime, il faut accepter de se laisser regarder. Yves Angelo – pour Au plus près du soleil – m’a filmée en très gros plan et j’avais parfois l’impression qu’il regardait au plus profond de mon âme, que j’étais complètement déshabillée… Ça, c’est très bizarre ! (rires) Au théâtre ce n’est pas pareil, on peut masquer, tricher, se déguiser, on se sent un peu plus libre de choisir ce que l’on donne. J’ai réellement besoin des deux univers même si je crois que j’ai une petite préférence pour les conditions de travail qu’offre le cinéma. Au théâtre il y a beaucoup de charges, de pression et ce trac que je supporte très mal… Parfois, je me dis que je suis folle de m’infliger ça et que je serais mieux chez moi ! (rires) Quand c’est parti, mes angoisses se dissipent mais je m’aperçois que plus je vieillis, plus je stresse, c’est épuisant moralement…
Vous incarnez Crystal dans la série Juste un regard…
C’est une adaptation d’un roman d’Harlan Coben plein d’intrigues à tiroirs. Mon personnage, Crystal, est un des éléments du passé qui va surgir dans la vie de Bastien Beaufils. C’est un homme heureux, marié et papa comblé qui va disparaître du jour au lendemain à cause d’un passé qui va le rattraper. Je ne peux pas tout expliquer pour conserver le suspens mais c’est un scenario « puzzle » qui a été très bien travaillé car, bien que ce ne soit qu’une série télé, il y a une recherche dans le traitement qui est très proche de celle que l’on connaît au cinéma.
Les séries deviennent en effet des programmes clefs…
Ca bouge c’est vrai mais il y a encore en France un certain snobisme alors qu’aux États-Unis, il n’y a aucune honte, pour un acteur, à jouer dans ce type de production. Chez nous, c’est encore un peu péjoratif car très populaire… En tout cas, ça a été une belle expérience car ça m’a appris à travailler différemment. À la télé, il faut aller très vite car on a moins de moyens qu’au cinéma où il est assez courant de prendre une journée entière pour faire seulement une ou deux scènes. On est en recherche perpétuelle d’excellence alors que la télé exige qu’on soit très efficace. C’est un rythme à prendre mais c’est ça qui est passionnant !
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Martin Lagardère
Interview parue dans Le Mensuel de l’été 2017 n°383 éditions #1 et #2
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