INTERVIEW
Jeanfi Janssens en interview
Après avoir presque passé une vingtaine d’années dans les airs, Jeanfi Janssens a osé faire le grand saut ! D’une nature joviale et affable, le jeune homme, qui s’était tourné vers le métier de steward pour assouvir son besoin de contact, a fini par écouter les nombreux conseils et encouragements de ses proches et de ses collègues de travail pour qui il était évident que sa place était sur les planches ! S’accordant une petite année pour tenter sa chance à Paris, celui que l’on peut désormais retrouver régulièrement parmi la fameuse équipe des Grosses Têtes a dû apprendre en un temps record à professionnaliser l’humour et l’empathie avec lesquels il était né… En exposant avec autant de dérision que de bienveillance sa propre vie mais aussi celle de ses parents et de sa soeur, Jeanfi a autant réussi à se présenter aux gens qu’à les toucher tant il leur ressemble.
JEANFI JANSSENS dans « JEANFI DÉCOLLE »
À Taradeau pour le festival « RIRE EN VIGNES » le 26 juillet
« Ça permet d’apprendre beaucoup sur soi… »
Morgane Las Dit Peisson : On se verra à Taradeau…
Jeanfi Janssens : J’ai hâte ! Car rien que le nom du festival – Rire en Vignes – est très prometteur ! (rires) Convivial, chaleureux et charmant, j’aurais été fou de ne pas accepter l’invitation d’Étienne de Balasy ! Il avait tellement de « litres » d’arguments, qu’il ne lui a pas fallu longtemps pour me convaincre ! (rires) Il y a, dans ce type de dates, quelque chose de plus léger, un petit air de vacances qui casse la « routine » – qui n’en est pas vraiment une d’ailleurs – des représentations que l’on peut faire le reste de l’année…
Le plein air apporte une saveur particulière au jeu…
Les techniciens, en général, râlent pas mal car si pour nous, artistes, jouer sous un ciel étoilé est synonyme de liberté, pour eux, ça laisse présager pas mal de contraintes supplémentaires… Mais égoïstement, je trouve ça génial car on a une sensation de grandeur, de fluidité et de légèreté qu’une salle fermée ne pourra jamais procurer ! Ça oblige à être plus à l’écoute et plus réactif car si tout peut arriver, en temps normal, sur scène, en extérieur c’est décuplé et il faut savoir jouer avec tous ces impondérables que le public voit lui aussi. De l’attaque de moustiques à la rafale de vent en passant par un vol d’hélicoptère, tout est possible et on doit l’intégrer au jeu sans perdre ses moyens…
Rien ne semblait au départ vous prédestiner à la scène…
J’avoue que bien qu’être humoriste exige énormément de travail et d’investissement, je dois beaucoup la carrière que je suis en train de me construire à la chance… Je travaillais sur les vols long-courriers d’Air France et, sans penser à autre chose qu’au métier que j’exerçais, j’adorais faire rire les gens à bord car ça rendait, à mon goût, les voyages plus agréables et détendus. Avec le terrorisme et les contrôles à répétition, partir en avion peut parfois sembler austère et anxiogène voire être source de phobies alors le rire me permettait d’offrir un peu de sérénité aux passagers. En me voyant travailler, mes collègues ont commencé à me pousser à écrire des sketches et une amie m’a inscrit à mon insu. à un concours d’humour… Je n’ai donc plus pu reculer ! (rires)
Se lancer est difficile…
Oh que oui ! (rires) Les premiers temps, quand on n’a pas d’expérience et que l’on ne voit pas sa salle se remplir, ça fait peur et ça donne envie de rebrousser chemin ! Mais quand on arrive à tenir bon, ça permet d’apprendre beaucoup sur soi, sur sa détermination et les croyances que l’on a sur ses propres capacités… Après 20 ans d’ancienneté en tant que steward, je suis reparti à zéro et même si c’est excitant, c’est très effrayant !
Parler de soi sur scène…
Ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile surtout lorsque l’on souhaite faire rire… Faire pleurer les gens aurait été plus simple ! (rires) La vie est constituée de drames donc, comme tout le monde, j’en ai connus et j’en connaîtrai… Il faut les avoir dépassés et digérés pour réussir à en parler et à en faire des sketches. À chaud, c’est évidemment impossible de trouver un axe comique mais une fois qu’on y arrive, ça permet d’exorciser pas mal de choses et de délivrer aux gens un message d’espoir.
Votre famille est une matière…
Mes parents et ma soeur font partie intégrante de mon spectacle c’est vrai ! J’ai eu la chance qu’ils me soutiennent, m’encouragent et surtout, qu’ils aient un grand sens de l’autodérision ! (rires) Car la base de chaque personnage dont je parle est vraie et en plus, j’ai beaucoup caricaturé ! C’est important que ça amuse le public mais je ne me le serais jamais permis si ça avait pu faire du mal à mes proches…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Pascalito
Interview parue dans les éditions n°394 #1, #2 et #3 du mois de l’été 2018 • 100 000 ex
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